Je sors du repaire et je traîne longuement ma carcasse, prise de spasmes. Les noirs environs pèsent sur moi. Sombre dépression. Je lève la tête vers un ciel noirâtre et je tire la langue. Abjuration.
« Dieu, si tu es bien là-haut, si tu veilles réellement sur les mortels depuis ton trône céleste, je te prierais de ... tomber et de t'éclater le visage sur un tronc d'arbre. »
Quand on est si haut, on ne peut que tomber très bas.
Je pouffe sans gêne devant ma belle causticité. Les âpres souffles du vent nocturne s’abattent sur moi comme une pluie acide et mes cheveux volent et flottent sans aucune sensualité, plutôt comme les poiles apeurés d'un balais qui voudraient s'échapper des griffes d'une femme de ménage compulsive.
Sexe.
J'ai une curieuse envie de sexe, tout d'un coup. Au beau milieu de cette forêt sombre et venteuse. Une pulsion féminine imparable. La libido est cruelle. Elle se fout des circonstances, se moque bien de ce que vous êtes en train de faire. Pas d'hommes à l'horizon pour satisfaire mes concupiscences. Comme c'est étonnant. Pourtant, nous sommes en pleine nuit et en pleine forêt, c'est l'occasion idéale pour faire une promenade candide en sifflotant des airs joyeux.
Dommage.
Mort.
J'ai envie de tuer. C'est plus fort que moi. Un lapin inoffensif grimperait à mes bottes que je lui tordrais le coup.
Splash.
Je trébuche comme une sotte, je tombe dans une flaque d'eau. Pas envie de me relever.
J'y dormirai, tant pis.